Julian Semiao

Rencontre avec un peintre en pleine ascension
Mai 10, 2023
Julian Semiao
NOUS SOMMES HEUREUX DE VOUS PROPOSER CETTE INTERVIEW DE L'ARTISTE JULIAN SEMIAO À L'OCCASION DE SA PREMIÈRE EXPOSITION AVEC LA GALERIE, MYTHOLOGIES PERSONNELLES, QUI S'OUVRE LE 27 MAI 2023 À PARIS. C'EST A NOTRE SENS LE MEILLEUR MOYEN DE DÉCOUVRIR L'UNIVERS DE CET ARTISTE QUI AIME DÉPEINDRE LE PORTRAIT DE LA JEUNESSE PARISIENNE, DANS TOUS SES COMBATS ET SES CÉLÉBRATIONS.
 
À quoi a ressemblé ton enfance et ton adolescence et quel a été ton rapport à l’art et la culture ?
J’ai grandi dans un petit village en plein cœur du Beaujolais, entouré de vignes, dans la banlieue de Lyon. J’ai passé mon enfance et mon adolescence entre la culture et le foisonnement de la ville et le calme de la campagne. J’ai emprunté naturellement la voie de l’art dès le début de mon parcours scolaire. J’ai toujours baigné dans la culture et j’ai beaucoup voyagé avec ma famille. Ma mère, passionnée d’art et de théâtre, m’a fait découvrir des musées dans le monde entier.
 
Comment es-tu arrivé à Paris ?
Je suis arrivé à Paris en 2017 pour terminer mes études avec un master en art à la Sorbonne. Mon appartement était en plein cœur du quartier latin, entre le Panthéon et Notre dame et je suis tout de suite tombé fou amoureux de ce quartier à la fois festif et historique où se réunissent chaque soir des centaines d’étudiants. Aujourd’hui encore, je sors beaucoup là-bas ainsi que dans le 11e arrondissement car j’adore aussi la gastronomie. Paris et sa vie nocturne nourrit aussi énormément mon travail.
 
 
En 2020, ton travail a formellement basculé d’une forme d’expressionnisme à une épuration des formes, quel a été ton cheminement ? 
En 2020, peu après la fin de mes études, j’ai eu besoin d’amener ma pratique ailleurs. Comment l’épurer ? Aller à l’essentiel ? J’ai eu naturellement envie de me concentrer sur une forme plus narrative ; la rage de l’expressionnisme a laissé place à la précision d’une figuration apaisée et engagée, et mes couleurs se sont au fur et à mesure adoucies.
Puis, à la sortie du covid, j’ai pris un atelier qui a contribué à ce nouvel élan de ma pratique. Cette nouvelle série de peintures que j’ai réalisée en 2022 et 2023 pour Mythologies personnelles est le résultat pour moi d’un réel aboutissement, le fruit de plusieurs années de recherche. Je me suis aussi installé il y a plusieurs mois dans un nouvel atelier à Ivry-sur-Seine, beaucoup plus grand que le précédent et bien plus calme. Il dégage une énergie sereine qui m’aide à trouver l’inspiration. Pour moi, se sentir bien dans son lieu de travail a une part importante à jouer dans le processus de la création.
 
Comment décrirais-tu ta pratique artistique aujourd’hui ? 
Dans ma quête d’une certaine épure, je me suis tourné vers l’aplat de couleur et vers la ligne. La figuration dépend alors juste de la précision d’un contour et non pas de l’ombrage comme pour la peinture figurative à l’huile par exemple. Cette manière m’est venue naturellement, inspiré par les peintres de la Figuration Narrative des années 80, Combas en tout premier lieu.
Aujourd’hui, la peinture figurative est en pleine expansion, de New York à Shanghai en passant par Paris, avec une nouvelle vague de jeunes artistes talentueux comme Chloé Wise, Bilal Hamdad, Arnaud Adami, Thomas Lévy-Lasne ou Jean Claracq. Ils sont une réelle source d’inspiration pour moi. Et comme je suis aussi passionné de peinture classique, notamment de la renaissance italienne, je flâne beaucoup dans les musées pour m’inspirer des grands maitres et de leur maitrise de la composition.
 
 
Les sujets présents dans cette nouvelle exposition font en effet référence à plusieurs grands tableaux tout en étant ancrés dans la société contemporaine où tu nous parles de féminisme, de fêtes, de culture queer et de révolution !
Je suis un jeune citadin parisien vivant avec son temps. Mes soirées et ma vie sont à l’image d’une ville où la communauté queer peut s’exprimer librement. Je veux dépeindre une société ouverte, forte de ses communautés et de ses différences culturelles. Et j’aime en effet me voir comme féministe. J’ai grandi et je vis encore aujourd’hui entouré de femmes fortes et indépendantes. Leur combat est aussi le mien et je ferai tout pour les soutenir. Mes peintures, presque malgré moi, je pense, le traduisent. Elles sont inspirées par les gens que je fréquente et la femme n’y est pas juste représentée comme une muse décorative. Elle est forte, révoltée et revendique sa place égalitaire dans un monde pensé par les hommes. Les modèles protagonistes de mes peintures sont mes amis. Je les mets en scène pour créer des narrations inédites dans lesquelles ils deviennent acteurs d’une nouvelle vie qui ne leur appartient plus. Ils s’inscrivent dans des scènes de fêtes, mais aussi dans des scènes d’intérieurs qui questionnent l’intimité et la narration de vie de chaque individu, dans un espace intérieur clos.